Cercle Généalogique de Conflans-Sainte-Honorine et de la Batellerie

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A comme... Ambassadeur

A comme... Ambassadeur

L'ambassadeur, sa maîtresse et sa rue

Cette rue-frontière partage ses côtés entre les communes de Conflans-Sainte-Honorine et d’Eragny. Elle fait référence au parcours amoureux suivi par l'ambassadeur d’Autriche en France, le comte Florimond de Mercy-Argenteau, pour rejoindre sa maîtresse Rosalie Levasseur qu’il avait installée au hameau de Chennevières.

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Florimont de Mercy-Argenteau

Ayant favorisé le mariage entre le futur Louis XVI et la jeune archiduchesse Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, ce diplomate autrichien (1727-1794) avait toute la confiance de l'impératrice Marie-Thérèse. Il était seigneur de Neuville et baron de Conflans.

Originaire de Valenciennes, issue d’une famille modeste, Rosalie Levasseur (1749-1826) avait développé un talent de cantatrice. Dotée d’une jolie voix et d’un très bon jeu dramatique, elle se produisit dans des opéras de Grétry, Piccini et Sacchini. Mais Glück, compositeur attitré de la cour de Vienne, appelé en France par Marie-Antoinette, exigeait sa participation dans la création parisienne de ses œuvres. Rosalie parut ainsi dans "Orphée", "Iphigénie en Aulide", "Alceste", "Armide" et "Andromaque". En 1779, elle triompha dans "Iphigénie en Tauride" par une interprétation couverte d’éloges unanimes.

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Rosalie Levasseur

A Conflans, Mercy-Argenteau l’avait installée au Château de Chennevières dans l’ancienne demeure du comédien Du Croisy (créateur du rôle de Tartuffe dans la troupe de Molière). Situation on ne peut plus commode pour rejoindre sa bien-aimée en partant de son château de Neuville.

La Révolution marqua un épisode douloureux dans la vie du couple.

Mercy-Argenteau partit en poste en Belgique, puis à Londres où il décéda en 1794. Auparavant, pensant bien faire, il avait vendu à Rosalie la propriété de Chennevières en se réservant l’usufruit.

Rosalie, de nature généreuse, avait acquis la sympathie des habitants. Par contre, l’intransigeance du comte à faire respecter son droit de chasse sur ses propriétés, l’avait rendu impopulaire auprès d’une population au seuil de la misère. De plus, sa proximité patente auprès du couple royal l'avait rendu suspect et son statut diplomatique n’était plus respecté à Conflans.

Rosalie, partie à l’étranger, est déclarée émigrée. Son château est mis sous séquestre, pillé, saisi, vendu, dépecé de tous ses matériaux et les terrains de la propriété mis en culture. La cave riche de quinze mille bouteilles de vin appartenant à l’ambassade, avait été visitée et réduite à trois mille flacons !

Rosalie Levasseur ne revint jamais à Conflans. Mise à l’abri du besoin par la sollicitude prévoyante du comte, elle finit ses jours à Neuwied en Allemagne. Elle y mourut en 1826 à l’âge de 77 ans. Auparavant, elle avait épousé en 1806 au Pecq, un officier français émigré, André-Maxime de Fouchier.