F comme... Fille du Roy
Françoise de la Croix, fille du Roy conflanaise
Françoise de la Croix, fille du Roy
Anthoine
de la Croix, fils de Jacques de la Croix et Ysabeau Tellier, et Barbe Caffin, mariés en 1634 à
Conflans-Sainte-Honorine, sont d’un milieu aisé. Ils ont eu huit enfants :
six filles et deux garçons, Michel et Louis, morts en bas âge.
Seules
deux filles semblent avoir eu une descendance : Françoise née en 1640 et
Anne née en 1656. Anthoine, sergent royal au baillage de
Conflans-sainte-Honorine où il est propriétaire de quartiers et perches de
vigne, meurt en 1668.
Françoise de la Croix :
A la mort de son père, elle a 28 ans
et est toujours célibataire. Un an plus tard, elle s’embarque pour la Nouvelle
France avec l’objectif de se marier à un colon. En tant que « fille du Roy »,
comme de nombreuses orphelines issues de militaires décédés ou de familles
nombreuses de la région de Paris ou des provinces de l’ouest de la France, elle
est dotée de
Arrivée
des filles du Roy à Québec
Tableau
d'Eleanor Fortescue-Brickdale
(1871-1945)
Acte de
mariage de René Hubert et Françoise de la Croix, Québec, 4 novembre 1669
Quelques mois après son arrivée, le 4
novembre 1669, Françoise épouse René
Hubert, fils de René, greffier de l’officialité de Paris, et d’Anne Horry.
De 8 ans son cadet, il a été baptisé en 1648 à la paroisse Sainte-Geneviève-des-ardents
de Paris. A Québec, il assure la charge de greffier de la Maréchaussée puis d’huissier au Conseil Souverain
« avec pouvoir d’exploiter et
mettre à exécution par tout le pays du Canada tous contrats, obligations,
lettres patentes, arrêts, sentences, ordonnances jugements et autres actes
émanés du dit Conseil et juges royaux du dit pays..... »[3].
Lors du recensement de 1681, Françoise
et René habitent à Québec avec leurs cinq enfants : Jean Baptiste (12
ans), Simon (10 ans) René Louis (8 ans), Marie Anne (4 ans) et le petit Charles
François (1,5 an). Ils possèdent un fusil, deux vaches et huit arpents en
valeur.[4] Deux
ans plus tôt, ils ont perdu un petit garçon, François Marie mort à l’âge de 3
ans. Leur fille Marie Charlotte naîtra en 1683.
Québec,
Nouvelle France, 1700, Gravure anonyme
En 1711, lorsque Françoise meurt à
l’âge de 71 ans à Sillery, hameau proche de Québec sur les bords du fleuve
Saint-Laurent, elle a déjà une dizaine de petits enfants.
Un mois après la mort de sa première
femme, René épouse Marie Anne de la Porte, veuve du notaire François Genaple.
Elle ne lui donnera pas d’enfant. En 1718, René Hubert, âgé de 70 ans, épouse
en troisième noces Marie-Angélique Faveron. De cette union naîtront trois
enfants. René décède le 31 août 1725 à Québec.
Parmi les très
nombreux descendants (plus de 200 000) de René Hubert et de Françoise de
la Croix se distinguent particulièrement:
-
André
Mathieu (1929 -1968), pianiste et compositeur. Enfant prodige,
il fut surnommé le « Mozart québécois ». Son
Concerto no 3 pour piano et orchestre est connu sous le nom
de Concerto de Québec.
-
Félix
Leclerc (1914-1988) est un auteur-compositeur-interprète, poète, écrivain, un acteur québécois
et un homme engagé pour la souveraineté duQuébec et pour la défense de la langue française.
Mais
qu’est devenue Anne de la Croix, la
jeune sœur de Françoise ?
Anne
de la Croix*
(1656-1728) est la dernière enfant d’Anthoine de la Croix et de Barbe Caffin.
A
la mort de son père, elle a douze ans. Elle grandit et reste à Conflans où elle
épouse le 28 juillet 1681 Pierre Ribaut,
fils de Clément et de Laurence Regnard. Ensemble, ils auront dix enfants dont trois
seulement passeront le cap de la petite enfance :
- Marie (1682-1735) mariée en 1703 à
Claude Artus, vigneron, fils de Claude et Marie Mesny,
- André (1685-1741) marié en 1709 à
Honorine de la Croix, fille de Nicolas et Françoise Girardin,
- Clément (1689-1758) marié en 1713
à Marie Françoise de la Croix, fille de Jean et Anne Fille.
En plus d’être vigneron, Clément était
« garde des plaisirs du roi »[5]. Il
fut aussi « marguillier [6]» de
la paroisse Saint-Maclou. Clément Ribaut et Marie Françoise de la Croix eurent onze
enfants dont Bonaventure né en 1726. Celui-ci sera le jardinier de Florimond
comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur, seigneur de Neuville-sur-Oise puis baron
de Conflans-Sainte-Honorine[7].
Douze générations plus tard,
plusieurs descendants d’Anne Delacroix et de Pierre Ribaut habitent toujours
Conflans et ses environs et sont membres du Cercle Généalogique de
Conflans-Sainte-Honorine et de la Batellerie.
[1] Il existait autrefois le tonneau de mer, mesure française valant
[2] Site de Bernard et Jocelyne
Quillivic, www.migrations.fr
[3] D’après Claude Hubert, http://www.genealogie.org/ancetres/gen0.htm
[4] D’après Benjamin Sulte, Histoire des
canadiens français, volume V, chapitre IV.
[5] Garde des chasses royales. La chasse la plus proche est
la capitainerie de Saint-Germain-en-Laye.
[6] Le marguillier, soit en latin médiéval le matricularius, est
d'abord celui « qui tient un registre ou un rôle (matricula) ».
La première fonction connue du matriculaire, officier de la religion chrétienne
- religion attentive à la pauvreté christique - était d'immatriculer les
pauvres de l'église, c'est-à-dire de les inscrire sur le registre d'aumône. La
seconde est l'administration des registres de ces pauvres personnages. Il
existait donc, dans chaque paroisse,
un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les
aumônes de l'Église. Il servait d'aide au sacristain.
Ce n'est pas une profession mais une charge. wikipédia
[7] Le souvenir de ce diplomate lorrain
est bien présent à Conflans grâce à la rue de l’Ambassadeur, ancien chemin reliant Neuville à Chennevières, un hameau
de Conflans, où logeait la cantatrice Rosalie Levasseur, maîtresse du comte.