Cercle Généalogique de Conflans-Sainte-Honorine et de la Batellerie

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O comme... Oise

O comme... Oise

Où l'Oise épouse la Seine

L’Oise fait partie intégrante de notre commune, comme la Seine, car s’il n’y avait pas le confluent de ces deux cours d’eau, comment nous appellerions nous ?

L’Oise prend sa source près de Chimay en Belgique dans la province du Hainaut, et depuis 1975, Conflans est jumelé avec Chimay.

aperçu articles/Oise/Source_Oise.jpg la source

C’est au bout de 302 km d’un voyage plein de jolis paysages verdoyants, de campagnes et de forêts que cette rivière vient se jeter dans la Seine au Pointis.

De par sa situation géographique Conflans est vouée au trafic fluvial, elle est même devenue « la capitale de la batellerie ».

aperçu articles/Oise/Confluent.jpg le confluent

Avant 1850, les bateaux se servaient du courant de la rivière pour descendre l’Oise, mais pour remonter jusqu’à Paris, ils avaient besoin de l’aide des chevaux, des mulets et quelquefois même des hommes qui les tiraient, c’est ce qu’on appelle » le halage ». Il a été nécessaire de pouvoir remplacer les chevaux fatigués, de ce fait, un relais s’est installé sur la rive gauche de l’Oise près du confluent, surnommé « la galerie « il possédait une douzaine de chevaux et servait également pour la restauration et le repos des bateliers.

aperçu articles/Oise/La_Galerie.jpg La galerie

Ensuite les toueurs apparaissent, ce sont des bateaux tirés par une chaine immergée au fond du fleuve, plusieurs péniches étaient accrochées au toueur, cela formait un convoi. Les bateaux pouvaient remonter la Seine jusqu’à Paris.

aperçu articles/Oise/Le_Toueur.jpg Le toueur

Vers 1855, l’Oise et la Seine furent canalisés et le barrage à aiguilles d’Andrésy mis en service, ce qui a permis de réguler les cours d’eau et faciliter la navigation la plus grande partie de l’année avec des chargements de charbon ou de céréales venus du Nord. Puis les bateaux à moteur apparaissent, « les remorqueurs », ils sont dotés de grandes cheminées qui améliorent le tirage du foyer de la machine à vapeur, mais pour passer sous les ponts, ces cheminées furent équipées de charnières et contre-poids pour effectuer un basculement rapide, cet inconvénient disparu avec l’arrivée du moteur diesel.

aperçu articles/Oise/Le_Remorqueur.jpg Le remorqueur

Ensuite, « les pousseurs » firent leur apparition, les marchandises voyageaient sur des barges et étaient poussées par ce genre de bateaux, contrairement aux différents procédés cités plus haut qui tractaient les péniches.

aperçu articles/Oise/Le_Pousseur.jpg Le pousseur

De tout temps à Conflans il y a eu des pêcheurs professionnels, ils pratiquaient la pêche à l’épervier, sorte de filet circulaire permettant de capturer de la friture (ablettes, goujons, gardons) destinée aux restaurants du bord de l’Oise.

Avec l’arrivée du chemin de fer, les parisiens viennent passer la journée ou le week-end à Conflans, ils descendent à la gare de Fin d’Oise tout endimanchés, vont réserver leur barque chez les loueurs de bateaux sur la rive gauche de l’Oise. Ils y trouvent aussi tout le nécessaire pour pratiquer leur loisir favori, des gaules, des asticots et des vers de vase. Les embarcations louées sont amarrées à des piquets fichés près de la berge, le commis du loueur amène les pêcheurs du dimanche dans sa barque, quand ceux-ci en ont assez de pêcher, ils le rappellent pour regagner la rive. La rivière regorge de poissons, en plus de la friture, l’on trouve des carpes, des anguilles (elles finiront surement en matelote).

aperçu articles/Oise/La_Peche_1.jpg Les pêcheurs du dimanche aperçu articles/Oise/La-Peche_2.jpg

La déclaration de la 1ère guerre mondiale et l’installation d’un port militaire en 1916 va stopper toute cette activité de loisir de pêche à Fin d’Oise.



Source: Association "Conflans à travers les âges (CATLA)"



Et pour finir une poésie en prose de Paul Fort...

LES NOCES DU FLEUVE ET DE LA RIVIERE

Ici, devant Fin-d'Oise, Maurecourt, Andrésy, Conflans-Sainte-Honorine — doux bruit font ces noms-là ! volée de cloches pour un mariage, dirait-on pas ?... ô poésie, ô poésie, ô poésie !...

Ici, sous les yeux bleus de ces quatre villages, on voit la Seine en fleurs s'unir à la belle Oise. Bien. Montez sur un pont suspendu et berceur. Embrassez votre amie et regardez ailleurs.

L'Oise est une rivière et la Seine est un fleuve, je l'ai de mes yeux vu ; d'autre part j'ai la preuve que pour aller ensemble courir tant de pelouses, la Seine offre son bras à sa trop jeune épouse.

0 noces vaporeuses que j'ai vues de ce pont suspendu et berceur, toute une heure amoureuse, vous me parûtes bien de ces noces heureuses où sous un même voile le couple se confond,

le voile de la mariée, ohé ! Bien mieux encore — si l'image m'entraîne je n'en ai pas fini — je les vis sous les palmes de grands peupliers d'or, courir et s'embrasser tels Paul et Virginie.

Quoi ! Paul et Virginie mariés ? Oui. L'un portait une casquette ornée d'un fin drapeau français (tel m'apparut, du moins, ce chaland reposé), l'autre un collier de barques scintillant de rosée.

Qu'ils étaient purs !... Sans doute, avant leur doux pourchas, l'Oise eut quelque amourette, la Seine eut des faiblesses. Mes bons amis, la chose ne me regarde pas, qui ne saurait d'ailleurs troubler leur allégresse.

La crécelle d'un gouvernail tourne là-bas. 0 le joli joujou pour l'enfant qui viendra ! En tout bien tout honneur, à son heure il viendra. On le nommera l'Eure et des choux il naîtra.

Tout danse autour de vous la danse du mariage, Seine, beau mâle et vous petite oie, petite Oise, les rives, les coteaux, les vignes et cætera, dans les vapeurs tout danse et ma belle à mon bras.

Taratata ! Voici qu'au son de la trompette, à sauter dans les barques une noce s'apprête. Laissez-moi naviguer tous ces joyeux pantins. Mes beaux époux, il faut courir votre destin.

« 0 joie ! il faut courir ! —La mer est votre sort. — Il faut courir, hélas ? — Et la mer c'est la mort. — Triste à songer. — Mais non. Par un bout vous mourez... mais à l'autre, déjà, la noce est préparée. »

Et je voudrais savoir comment — époux fidèles — dans la foule des fleuves qui se perdent au ciel, vous pouvez retrouver vos gouttes bleues et blondes pour vous aller cacher sous la terre profonde,

en surgir et vous joindre au plus beau lieu du monde, — ici, devant Fin-d'Oise, Maurecourt, Andrésy, Conflans-Sainte-Honorine : doux bruit font ces noms-là ! branle de cloches pour un hymen, dirait-on pas ?

0 poésie ! ô poésie ! ô poésie !

Paul FORT